0-1 an, 1-3 ans, Parents

A 3 dans un 2-pièces

La vie à trois dans un studio ou un deux-pièces est de plus en plus courante, principalement dans les grandes villes. Faisant fi des mètres carrés, les jeunes familles réinventent la vie commune, découpent l’espace, créent des atmosphères et tiennent bon.

À quoi ressemble la vie de famille dans un petit appartement ? Comment faire quand bébé n’a pas de chambre ? Témoignages et tuyaux pour une organisation la plus agréable possible.

Vous étiez deux, en amoureux, coulant des jours sereins dans votre joli deux-pièces, dans votre mignon studio. Et puis soudain, votre ventre s’est arrondi, l’urgence d’un déménagement s’est fait sentir, bébé est arrivé et pourtant vous êtes restée dans votre 35m2.

Chacune a ses raisons, mais la vie à trois dans un studio ou un deux-pièces devient de plus en plus courante, principalement dans les grandes villes. Victimes de la flambée des prix, de la rareté des biens, les toutes jeunes familles font le dos rond et se serrent dans leur petit appartement, faisant fi des mètres carrés, elles réinventent la vie de famille, découpent l’espace, créent des atmosphères et tiennent bon.

En compagnie de certaines de ces familles et de Raphaëlle Coulon, architecte d’intérieur chez Vibel (spécialiste de l’aménagement de chambres d’enfants), Bébé Guide fait le point sur les contraintes, avantages et petites astuces de la vie à trois dans un deux-pièces.

Une situation souvent subie, parfois choisie

A 3 dans un 2-pièces

Contraintes économiques, professionnelles, passion pour un lieu, attente raisonnable… Les raisons de vivre dans un deux-pièces ou un studio avec son enfant sont le plus souvent rationnelles, rarement un choix.

Sophie vit près de Saint-Étienne avec son homme et son petit Jonas de 3 semaines. Et elle n’est pas prête à déménager. « Nous n’avons pas déménagé, car ça ne fait pas longtemps que nous vivons dans cet appartement que nous avons refait à neuf. Et puis il a une vue splendide sur la campagne que nous aurons du mal à quitter. Nous avons donc aménagé l’espace pour rester encore ici quelque temps », explique-t-elle.

À l’inverse, on trouve Marie, qui d’une contrainte a fait un atout, découvrant à l’occasion de cette cohabitation à trois dans son 50m2 à Plaisir, dans les Yvelines, une autre façon d’être parents. « Pendant ma grossesse, je ne m’imaginais pas vivre aussi facilement cette promiscuité constante car nous étions tout pétris des “bons conseils” donnés par notre entourage et les médias en général (chacun sa chambre, bébé doit avoir un espace…) », se souvient-elle. « Nous avions donc prévu tout le matériel de base de puériculture (lit à barreaux, berceau, table a langer, transat…) ce qui nous prenait une place folle et nous inquiétait beaucoup sur la suite des événements.

Finalement, lorsque bébé est arrivé, l’allaitement aidant, nous avons fini par dormir ensemble, occasionnellement d’abord, puis officiellement, nous avons donc revendu lit, berceau et autres artifices. Le transat n’a jamais été utilisé : un coussin d’allaitement est beaucoup plus confortable pour caler bébé. Et avec l’argent récupéré, nous avons pu nous payer de vrais beaux rangements. » Mais Marie est une irréductible, aujourd’hui installée dans un appartement de 100m2, elle continue de partager la chambre parentale avec ses deux enfants.

La chambre : partager ou pas ?

A 3 dans un 2-pièces

En la matière, il y a deux écoles.
Ceux qui “co-dodotent” ou presque, partageant leur chambre avec leur petit.
Marie se souvient : « Nous avions mis notre matelas ainsi que le matelas du lit à barreau par terre, le tout entouré par des coussins et des traversins « anti-chute”. La chambre ne servait plus qu’à dormir ou ranger le linge. »
Partager sa chambre, c’est accepter de déplacer sa vie intime hors du lit, c’est choisir de prolonger un peu la fusion avec son enfant et souhaiter préserver un véritable “espace social” dans le salon, comme le confirme Marie, « Les enfants ont un espace aménagé dans le salon/pièce a vivre, avec coussins, petite table, petite chaise… Mais cet espace sert également aux adultes. »

Face aux “partageurs”, il y a ceux qui ont émigré dans le salon, sur un canapé-lit.

Ils ont une intimité, ont eu le plaisir d’aménager une chambre à leur petit, mais souffrent parfois de dormir dans un espace “public”, peu propice à la détente.

Il y a enfin ceux qui roulent leur bébé. Caroline, encore enceinte, pense « faire dormir bébé dans [sa] chambre la journée, et le déplacer dans le séjour pour la nuit. C’est plus pratique, ça évite de camper dans le séjour… D’autant plus que nos canapés ne sont pas convertibles. » De toute façon, Caroline ne culpabilise absolument pas à l’idée de conserver sa chambre.

Mais cette solution itinérante, bien pratique et souvent pratiquée ne dure qu’un temps, celui d’un bébé nourrisson qui se fiche bien d’avoir une chambre et des repères.

Des conséquences ?

Vivre avec un enfant dans un petit espace, c’est possible, mais usant voire invivable. Une situation pas toujours simple, quand elle n’est pas choisie, qui n’est pas sans conséquences.

Ainsi, Valérie, qui vit dans un 50m2 à Biot sur la Côte d’Azur avec son compagnon et son fils de 21 mois, est au bord de la saturation. « Mon fils n’est bien que quand on le sort. Nous sommes tout le temps ensemble et n’avons pas de réelle intimité avec mon mari », regrette-t-elle.

D’autres culpabilisent de circonstances qu’elles jugent inacceptables pour leur enfant. « Pour le moment, cette situation n’a aucun effet sur mon couple. Nous essayons d’avoir des moments à nous de temps en temps. Par contre, je sens bien que mon fils de 7 mois n’est pas à son aise et je culpabilise qu’il vive dans ce trou », lance une Nelly désespérée par sa vie à trois dans son 40m2 du Val d’Oise.

Préserver l’espace de chacun

A 3 dans un 2-pièces

Raphaëlle Coulon est architecte d’intérieur chez Vibel, concepteur de chambres d’enfant. Pour elle, il est absolument essentiel que parents et bébé bénéficient de deux pôles distincts, même dans une chambre unique.

« Avant 1 an, il est possible de faire dormir bébé dans un coin de la chambre de ses parents. On peut lui créer son petit espace en l’isolant avec un joli voilage de couleur posé sur un rail coulissant, en tamisant la lumière. L’important, c’est d’isoler visuellement l’espace des parents de celui de leur bébé. »

Et quand on ne peut pas couper sa chambre en deux, Raphaëlle propose de bien jolies idées.

« Il est toujours possible de séparer l’espace en créant un distinguo de couleurs avec un mur uni dans l’espace des parents et un mur de même couleur mais avec des motifs, dans l’espace du bébé. On peut également installer deux tapis différents, coller simplement une jolie une frise dans le petit coin du bébé (à 1/3 de la hauteur du plafond, soit en haut, soit en bas, jamais à mi-hauteur), cela redescend son centre de gravité et le rassure. On peut enfin éclairer les deux zones de façon différente ou investir dans un ciel de lit ou un baldaquin. »

Kit de survie

« Des trucs ? Et bien… Ne pas paniquer en imaginant le peu de place pour mettre tous les accessoires de puériculture – qui ne sont pas si utiles que cela. On se débrouille très bien sans tous ces artifices hors de prix et qui prennent une place dingue ! » nous confie Marie.

« Garder l’espace pour s’ébattre et pour les parties de chatouilles et de câlins du dimanche matin et l’argent pour l’avenir. Prévoir des rangements intelligents, des sorties ou vacances en famille. Aujourd’hui nous pourrions très bien revivre dans un studio à 4, sans nous “bouffer le nez”. Il suffit d’un peu de bon sens, d’une pincée de patience, d’un soupçon d’ingéniosité et… de revoir ses priorités ! »

En conclusion

Qu’elle soit subie, supportée patiemment, détestée ou choisie, la vie en famille dans un studio ou un deux-pièces reste généralement un passage temporaire, une étape étrange dans une vie de famille débutante. Une façon de nouer d’emblée des liens étroits. Parfois trop étroits, d’ailleurs, presque étouffants.
Vie sexuelle en berne et fusion totale font souvent partie du voyage.

Mais cette vie n’est pas non plus un drame.
On en revient un jour. On en revient même plus forts, plus soudés, forcés que l’on a été à se confronter à des questions et des contraintes que l’on croyait révolues, coincées au XIXe siècle de nos arrières grand-mères.
Mais prix démesurés de l’immobilier et précarité du tissu économique obligent, ces conditions de vie venues d’un autre âge sont finalement complètement d’actualité.


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